Interview

Catherine Baldisserri – La voix de Cabo

Catherine Baldisserri, auteure de La voix de Cabo a gentiment accepté de répondre aux questions de Cassiopée.

Des échanges enthousiastes et passionnés, à l’image de son premier roman, qui te permettront de comprendre d’où viennent Teresa et tous ces personnages singuliers. 

A la découverte de Cabo Polonio…

C’est pour toi, lecteur !

Le livre

Bonjour Catherine, peux-tu nous donner en quelques mots le pitch de ton roman ?

Lorsque son cœur se met à battre sur la Rambla de Montevideo pour le beau télégraphiste Damaso Ferri, Teresa coupe court à un avenir tout tracé. Au lieu de reprendre la brasserie paternelle elle le suit à Cabo Polonio dans le phare où il va se vouer corps et âme à sa mission. Pour tromper la solitude Teresa décide de faire la classe aux enfants des pêcheurs dans la cuisine du phare. Là un matin Machado, chasseur de loup de mer et analphabète fait son apparition. Sur les bateaux qui naviguent entre les îles il a entendu parler de la maîtresse de Cabo. Plus tard après des évènements inattendus naîtra l’histoire d’une promesse entre ces deux-là…   

La ville – le pays

Le lieu choisi tient une part importante dans l’ambiance du roman et le ressenti que l’on peut en avoir, connaissais-tu Cabo Polonio et l’Uruguay ? Y es-tu déjà allée ?

Pourquoi l’étranger ?

Je n’aurai jamais écrit un premier roman qui se passe en France, sans doute par déformation professionnelle. J’ai étudié les langues et vécu à l’étranger pour les perfectionner. Mais très jeune déjà j’étais attirée par l’ailleurs. Je ne lisais pas la Comtesse de Ségur mais des récits d’explorateurs comme ceux de Paul-Emile Victor, Amundsen, Levi Strauss…

Pourquoi l’Uruguay ?

En 2010 je me rends en Argentine pour un voyage professionnel. Je n’ai alors nullement l’intention d’aller en Uruguay mais voilà les affaires faites, il me reste quelques jours avant de rentrer à Paris. Je décide d’y aller et là je tombe littéralement sous le charme de Montevideo, capitale surannée et de ses brasseries autour du théâtre Solis. Je visite Cabo Polonio, une sorte de Pointe du Raz en plus majestueuse quand même, et comme tout bon touriste je monte dans le phare. À l’entrée on pouvait voir des photographies en noir et blanc de scènes de pêche, de chasse aux loups de mer, de bateaux pris dans les tempêtes et puis un peu à l’écart dans la pénombre une inscription en espagnol qui rendait hommage à une Teresa de Montevideo femme du gardien du phare venue faire la classe pendant trois ans aux enfants des pêcheurs. De ma visite je n’ai retenu que cela.

Peux-tu nous parler plus précisément de ton héroïne, Teresa ?

Pourquoi Teresa ?

C’est cette idée qui a germé dans mon esprit quand cinq ans plus tard je me suis mise à écrire le roman. Je n’ai pas cherché à savoir qui était cette Teresa, je savais seulement qu’elle avait quitté Montevideo et j’imaginais qu’elle devait être folle amoureuse du télégraphiste car qui, sinon un ermite, peut désirer venir s’enterrer trois ans de suite à Cabo Polonio surtout dans les années 1970. Je n’ai conservé que cette information réelle glanée lors de la visite au phare. Toute l’intrigue est romanesque, à l’exception du contexte politique. 

Tu as du extrêmement bien te documenter tant le décor du livre est détaillé. Quand on lit les blogs de voyageurs ayant eu la chance de découvrir ce bout du monde, on a l’impression qu’ils vont nous parler de Teresa et Machado rencontrés au coin de la rue !

Comment fonctionnes-tu pour tes recherches ?

Des recherches ?

Bien sûr j’ai fait des recherches et j’ai lu des auteurs uruguayens qui racontaient la dictature, les sévices infligés par les tortionnaires. Le fourgon des fous de Carlos Liscano, auteur qui a vécu la dictature dans sa chair est un livre que je n’oublierai jamais.

Je me suis aussi documenté sur les Tupamaros, ces Zorros Uruguayens au moins au départ, qui luttèrent contre la montée des groupe para-militaires pour protéger le peuple. D’ailleurs José Mujica élu président de l’Uruguay de 2010 à 2015 en a été l’un des fondateurs. C’était une évidence d’ y faire allusion dans le roman. Là-bas en 2010 tout suintait encore de ces années-là. Et puis ce sont les périodes troubles qui révèlent les véritables tempéraments des hommes.    

Teresa une femme forte et déterminée. Tu y as mis un peu de toi ?

Dans mon premier roman je voulais aborder les questions de transmission et d’engagement. Le fait d’avoir enseigné les langues en lycée pendant dix ans y a certainement beaucoup contribué. Teresa est déterminée car elle sait que l’éducation est la clé vers une meilleure compréhension du monde. Cela permet de choisir sa vie et non pas de subir. De ce point de vue, oui, j’ai mis beaucoup de moi dans le personnage de Teresa. Mais la ressemblance s’arrête là ; la vie a été beaucoup plus tendre avec moi qu’avec elle.     

L’auteure

La voix de Cabo est ton premier roman. Tu écrivais avant ?

La voix de Cabo est mon premier roman.

Non je n’écrivais pas avant, mais bon j’ai traduit quelques romans et je me suis confrontée aux œuvres de nombre d’auteurs en lisant aussi bien en langues étrangères qu’en français. J’ai été enseignante d’anglais et d’italien pendant dix ans ce qui explique aussi ce qui précède.

Parle-nous de toi ! Quel est ton parcours, ton premier métier, comment devient-on un jour écrivain ?

À ta question comment devient-on un jour écrivain ? je réponds qu’on ne se réveille pas un matin en se disant, Tiens je vais me mettre à écrire.

Pour ma part, c’est l’idée de raconter mes histoires qui s’est distillée en moi plutôt que l’idée d’écrire. Au début je l’ai chassée comme on balaye d’un revers de main une mouche insistante – pfff ! tout a déjà été écrit  – puis quand elle a continué à me tarauder, je l’ai accepté, timidement d’abord.

Maintenant depuis l’écriture des premiers chapitres de La voix de Cabo je l’accepte davantage. Mais c’est tous les jours ou presque que j’apprends à devenir écrivain. En allant m’isoler de la vie quelques heures entre quatre murs  pour la retranscrire sur du papier.

J’apprends patiemment la rigueur du métier d’ écrire. 

Quelles sont tes passions en dehors de l’écriture ?

En dehors de l’écriture j’adore lire et nager. Si c’est en mer encore mieux ! Puis voir des films et des pièces de théâtre. 

Chez Cassiopée on aime beaucoup la musique également. Tu écris en musique ? Quel bande son pourrait accompagner la lecture de La voix de Cabo ? Le silence peut-être…

Désolé de te décevoir ! Non je n’écoute pas de musique quand j’écris. J’ai besoin de silence. Sans doute parce que lorsque j’écoute de la musique je suis plus sensible aux mots qu’à la mélodie et alors ils provoqueraient certaines dissonances avec les miens.   

Ses influences   

Tu écris donc beaucoup, mais quelle place tient la lecture dans ton quotidien ?

La lecture bien avant l’écriture tient une place de choix dans ma vie. Même si j’y consacre moins de temps depuis la parution de La voix de Cabo.

Quels sont tes influences, tes livres culte ?

J’ai lu et ai été influencée par les littératures étrangères (anglaise, américaine, sud-américaine,  italienne…) Beaucoup moins de littérature française et plus tardivement car j’y trouve trop peu souvent ce que j’y recherche à savoir l’inventivité et l’ailleurs.

Les auteurs qui m’ont marqué ? Impossible de tous les nommer mais spontanément me viennent David Grossman et particulièrement Femme fuyant l’annonce, Henning Mankell, Les chaussures italiennes, Véronique Ovaldé Ce que je sais de Vera Candida, Carole Martinez, Le cœur cousu, et tout Pascal Quignard, Gabriel Garcia Marquez, Laura Kasischke, Jean Echenoz.  

La Blogosphère 

Justement, nous te connaissons fidèle abonnée de Cassiopée mais est-ce qu’en général tu as tendance à surfer sur le net pour voir ce que l’on dit de ton livre. Est-ce que tu consultes les blogs ? 

Oui après la parution de La voix de Cabo j’ai consulté les blogs qui chroniquaient le roman. J’y ai appris énormément, même des critiques négatives, peut-être que ça m’aidera à corriger le tir pour le prochain ! Certaines blogueuses lisent les romans aussi bien que des critiques pro 🙂 ! 

J’aime aussi poster les activités liées à la vie du roman sur mon compte Facebook comme les rencontres en librairie, les sélections, les critiques.    

Il se vend partout ton bouquin ?

La Voix de Cabo se vend partout en France dans les librairies indépendantes tout comme à la Fnac.  Il est publié aux Editions Intervalles une maison indépendante parisienne qui soigne les couvertures de ses livres et sait dénicher des perles autant étrangères que françaises !

A quand le prochain ? Tu as déjà une idée du thème, de l’histoire ? Peut-on avoir une exclusivité ?

Bien sûr qu’il y aura un prochain roman… j’ai trois projets en cours totalement différents les uns des autres dont un roman jeunesse. Je ne sais pas lequel atterrira le premier sur les tables des libraires.  

Tribune libre, un dernier message, une citation, une actu ?

En attendant : Cet été ne bronzez pas idiot, Lisez la Voix de Cabo !  

Merci Marion pour cette interview.

Merci Catherine, c’était un plaisir de découvrir ta plume, tu nous as fait voyager. J’espère que nos lecteurs auront envie de lire La voix de Cabo. A bientôt pour le prochain !

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