La vraie vie

Auteur : Dieudonné, Adeline

Format : 265 pages

Note :

Editeur : L'Iconoclaste

Année de parution : 2018

La 4ème de couverture

Le Démo est un lotissement comme les autres. Ou presque. Les pavillons s’alignent comme des pierres tombales. Chez eux, il y a quatre chambres. Celle du frère, la sienne, celle des parents. Et  celle des cadavres. Le père est chasseur de gros gibier. Un prédateur en puissance. La mère, est transparente,  amibe craintive, soumise à ses humeurs. 

Avec son frère, Gilles, elle tente de déjouer ce quotidien saumâtre. Ils jouent dans les carcasses des voitures de la casse en attendant la petite musique qui annoncera l’arrivée du marchand de glace. Mais un jour, un violent accident vient faire bégayer le présent. Et rien ne sera plus jamais comme avant. 

Le pitch

La vraie vie conte le quotidien d’une famille peu banale, racontée par l’héroïne, une jeune fille brillante dont on ne connait pas le nom.

L’histoire se passe dans une banlieue morne, un environnement froid et sans vie. Le père est chasseur et conserve ses trophées (notamment une hyène dont l’illusion de vie est parfaite) dans une pièce dédiée, son royaume interdit aux enfants. A côté de cette passion barbare, il est employé d’un parc d’attractions, alcoolique, sadique et violent envers sa femme. Cette dernière, subit les coups, de façon passive et résignée. L’héroïne et son frère Gilles, n’ont d’autres choix, pour échapper à ce triste quotidien, que de vivre de façon insouciante en s’inventant un monde et des jeux autour de carcasses de voitures, mais unis et solidaires, à deux.

Le jour où le marchand de glace passe, pour une simple histoire de chantilly, ce quotidien bancal et l’innocence de son petit frère basculent complètement du côté obscur. Commence alors une quête acharnée de notre héroïne, contre le temps et contre ses démons, sa famille.

L’avis de Marion

La vraie vie peut entrer dans la catégorie des romans inqualifiables. Ces ovnis littéraires qui touchent à leur façon et qui nous questionnent.

C’est un vrai roman contemporain et initiatique contant l’histoire de cette jeune fille pleine d’ingéniosité, qui va développer de nombreuses théories pour sauver son frère de cet abyme dans lequel il plonge.

Certains personnages sont terrifiants d’inhumanité et de misogynie, notamment le père, et Gilles après le drame. Le roman traite de la violence domestique, celle qui ne se voit pas à l’extérieur du foyer, cette détresse que l’on cache. Mais en parallèle, l’auteure fait de cette histoire une ode à la puissance des femmes. A leur courage et leur détermination pour obtenir leur liberté malgré le prix à payer. L’héroïne est brillante et bien vivante. Elle rêve fort, très fort au point de faire basculer le réel.

C’est rythmé, court et intense. Cela va à l’essentiel et cela emporte le lecteur jusqu’à la dernière page. Une folie sur papier qui oscille entre le semblant de réalité que cela provoque à la lecture et l’imaginaire présent dans la cruauté et le délire des personnages. La vraie vie ici, est celle que l’on voit et non celle que l’on s’imagine. Le passage de l’enfance à l’âge adulte.

Cette histoire plane donc entre la frontière du réel et de la fiction, en explorant les parts sombres de l’humain et c’est ce qui fait sa force. Comme dans les contes, on y retrouve l’ogre (le père), la fée/ sorcière (Monica), le magicien (le professeur), le prince (le champion) et la princesse (l’héroïne en détresse), un bois perdu. Un peu de magie dans un quotidien morose et sordide. Un peu d’irréel pour mettre en avant l’horreur du réel.

Finalement, la vraie vie n’est-elle pas celle que l’on rêve ? De l’ombre à la lumière, il n’y a que 265 pages.

Citation

Pour rassurer Gilles, je faisais la grande et je chuchotais : Les histoires elles servent à mettre dedans tout ce qui nous fait peur, comme ça on est sûr que ça n’arrive pas dans la vraie vie.

Pour briller en soirée

Le récit initiatique est un type de récit où l’on suit l’évolution du personnage, qui peut être positive ou négative, vers la compréhension du monde ou de lui-même. Souvent le passage à l’âge adulte, un jeune qui va grandir après avoir triomphé d’obstacles et souffrances présents sur sa route. Le personnage en sortira « grandi » et transformé positivement ou négativement.

Parmi les grands romans initiatiques que nous avons lus, nous pouvons citer : L’Alchimiste de Coelho, Le Chardonneret de Tartt, Jonathan Livingston le Goéland de Richard Bach, L’Attrape-Coeurs de Salinger, Le club des incorrigibles optimistes de Guenassia ou Les intéressants de Wolitzer.