Chanson douce
Auteur : Slimani, Leïla
Format : 227 pages
Note :
La 4ème de couverture
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège va se refermer, jusqu’au drame.
A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Le pitch
Chanson Douce démarre tambour battant avec, dès le premier chapitre, une description de ce qui arrive aux enfants. Le reste du roman sera une lente avancée vers le drame.
L’écriture est nette, précise. Leïla Slimani n’en fait pas des tonnes et raconte de manière factuelle ce qui se passe dans cette famille parisienne.
Louise est la nounou parfaite. Elle a immédiatement créé des liens forts avec les enfants et a su se rendre indispensable aux parents : ménage, cuisine, heures supp… elle est parfaite. Pourtant, nous allons découvrir que Louise n’est pas que cette Mary Poppins moderne et qu’elle renferme de multiples fêlures. Myriam et Paul vont également parfois le ressentir mais la baby-sitter a pris une place si importante dans leur vie qu’ils préfèrent fermer les yeux.
L’avis de Julien
Le roman est gênant, j’ai eu l’impression d’être un témoin immobile, parfois même un voyeur. Pourtant il est difficile et c’est paradoxale de ne pas le dévorer. J’ai eu envie de comprendre pourquoi et comment Louise en était arrivée là.
Comment cet assemblage de petites choses, de faits du quotidien, de jalousies, d’attentes déçues, de frustrations (elle est de la famille tout en restant une employée) pouvaient l’avoir entraînée sur cette pente. Une partie de son passé ne nous est pas révélé mais Louise paraît presque équilibrée ce qui rend l’histoire encore plus flippante.
Ce roman est aussi une photographie de notre société. Combien de couples sont obligés de bosser presque jour et nuit et de laisser leurs enfants sous une garde quelconque ? Leïla Slimani ne juge pas. Elle s’interroge sur la difficulté qu’ont les femmes à conjuguer leur vie familiale et professionnelle.
Nous découvrons également dans ce livre l’envers du décor, de ce travail de nounou. Souvent « main d’oeuvre » étrangère, en difficulté familiale, financière ces femmes luttent pour survivre.
Je conseille fortement Chanson Douce, roman dur et sombre et remercie François de me l’avoir conseillé. J’attends maintenant avec impatience son ressenti et ses remarques !
Pour briller en soirée
Chanson Douce a reçu le prix Goncourt 2016.
Slimani raconte que le point de départ de son roman est un fait divers New-Yorkais. Une nounou que les parents considéraient « de la famille » a tué les enfants qu’elle gardait.
Pendant qu’elle écrivait ce roman Leïla Slimani était elle-même en recherche d’une nounou.
Julien, j’ai adoré ce livre, je l’ai dévoré malgré ce ressentit de gêne comme tu l’avais décrit également, ce sentiment ne m’a pas lâché tout le long du livre car en effet cette nounou parait si « normal », ça fait peur.
J’ai aimé l’écriture simple, sans longueur de ce livre.
Merci pour cette recommandation.